RUBRIQUE : Portrait
Lorsque Fellini nous est conté.
C’était l’assistant de Fellini sur le Casanova, me dit une petite voix dans ma tête. Respect, quand même !, ajoute-t-elle. Je la fais vite taire et essaie de me concentrer sur l’interview que je m’apprête à faire avec Gérald Morin. Ancien assistant et secrétaire de Fellini (de 1971 à 1977), ce lausannois de naissance a participé à plus de cinquante tournages et a collaboré avec des réalisateurs tels Lars Von Trier, David Lynch, Jean-Jacques Annaud, Sergio Leone, Robert Altman, Michel-Angelo Antonioni, pour ne citer qu’eux. Dans le cadre de l’intégrale Fellini proposée par la Cinémathèque Suisse, il présentera Roma, Amarcord et Il Casanova di Fellini, les trois films sur lesquels il a travaillé.
José Roosevelt : de la peinture à la BD, de Brasilia à Lausanne.
C’est dans un café de Grancy exceptionnellement calme, que j’attends José Roosevelt. Le soleil éclaire les tables et se reflète dans les verres, pendant que les serveuses font danser leur jupe au rythme des commandes. À l’heure dite, ce Brésilien en pleine force de l’âge passe la porte, s’assied tranquillement et me gratifie d’un large sourire. Il me demande comment va la vie et je lui réponds que les beaux jours réchauffent les cœurs. Il enlève sa casquette, la pose sur la table et demande un thé noir. Toute cette force tranquille qui vient de s’installer en face de moi me met à l’aise. Puis, tout en simplicité et joie de vivre, il lance la conversion.
Quand la musique est bonne
Vendredi soir 22h00. Je retrouve Olivier dans son « bureau », une pièce à l’étage aménagée avec ce qu’il faut pour passer un bon moment : des canapés, une table de poker, une baignoire, des verres, de l’alcool, le tout avec en fond sonore la musique du rez-de-chaussée qui traverse le plancher.
→ plus"Avoir une position plus centrale en Suisse romande"
Lausanne Bondy Blog : Pour quelles raisons vous êtes-vous installés à Lausanne ?
→ plusLe lundi au soleil, c'est une chose qu'on n'aura jamais
Comme tous les partis politiques, organisations secrètes, associations sportives ou sectes satanistes, le Lausanne Bondy Blog dispose d’un jour et d'un lieu de rencontre, secret bien évidemment, ou chaque semaine que Eric Clapton fait, ses membres se retrouvent pour préparer la recette de ce qui deviendra ton pain quotidien de lecteur anonyme mais qui, selon les statistiques, existe vraiment.
Mi-homme, mi-bus...
Lausanne, ce n'est pas seulement les ruelles pavées, les clochers, le lac, les petits troquets de caractère, les canelés, le mont Corcovado ou les arènes de Nîmes... Lausanne, c'est aussi une mosaïque châtoillante et chamarée de personnages emblématiques que chaque autochtone a eu la chance de croiser une fois ou l'autre dans les faubourgs de la cité vaudoise. Ainsi, le mec qui chante tout seul avec son casque, le mec en bombers et à la petite voix qui prophétise à fond, le mec qui se ballade avec des fruits ou un pot de fleurs sur la tête, le mec en survet' qui prend le bus avec un sac de sport rempli de gnôle, le mec à torse-poil qui raconte sa vie, Rascar Kapac l'Indien/ne, le mec j'te jure qu'il lui manque que 14,90 pour rentrer en Valais, la vieille femme arabe qui insulte les gens, "copain" qui veut un câlin et ton numéro de téléphone et bien d'autres encore rivalisent chaque jour d'ingéniosité pour rendre notre vie un peu plus surprenante. Mais cette collection rurale de vignettes panini du quotidien ne serait pas complète sans une pièce maîtresse quelque peu oubliée, une étiquette brillante à échanger contre deux: Martial, l'homme-bus.
"Les câlins sont gratuits, pas le parking!"
Jeudi. Le week-end approche mais n’est pas encore là. Il y a encore tout un vendredi à l’affût, long comme un jour sans pain. Pourtant, certains lausannois se lèvent le jeudi avec déjà un grand sourire sur le visage. Et pour cause : ils savent qu’en fin de journée, ils pourront retrouver Monsieur Câlins, entre 16h30 et 20h30, à la gare de Lausanne. Que ce soit pour une étreinte furtive ou une discussion soutenue, les fidèles ne manquent pas le rendez-vous hebdomadaire, devenu presque rituel.
Grisélidis Réal
Portrait d'une péripatéticienne, écrivaine et militante.
« La prostitution est un Art, un Humanisme et une Science. Je l’ai dit et répété et le dirai et l’écrirai encore jusqu’à mon dernier souffle, en français, en anglais, en allemand, et même en italien et en espagnol s’il le faut. Aujourd’hui, avec le recul, je pense à ces trente ans de métier, celui de Prostituée, dite dans le beau langage “Courtisane” ou “Péripatéticienne”, avec infiniment de nostalgie et de reconnaissance. Mes enfants et moi avons pu manger à notre faim. Le corps humain habité de son âme est un instrument de musique, et la sexualité est son archet. Avec délicatesse et violence, il vibre, il atteint des sommets de volupté et d’extase. La seule Prostitution authentique est celle des grandes artistes techniciennes et perfectionnistes qui pratiquent cet artisanat particulier avec intelligence, respect, imagination, cœur, expérience et volontairement, par une sorte de vocation innée : de vraies professionnelles, conscientes de leur pouvoir et des limites de celui-ci, sachant se mettre dans la peau de l’autre, déceler son attente, son angoisse, son désir et comment l’en délivrer sans dommage pour elle, ni pour lui. »
Par Cristina Sanchez